« Where Today Meets Tomorrow. » L’architecture médiatique du General Motors Technical Center (1949-56)

Inauguré en 1956, le General Motors Technical Center est un célèbre exemple de la mise en scène d’une marque, General Motors, par le biais d’un projet d’architecture moderne, dans le cadre d’une importante campagne de médiatisation. Il a fait l’objet d’analyses nombreuses dans le champ de l’histoire de l’architecture et de l’histoire culturelle, notamment sous les aspects d’une culture du glamour à l’intersection de l’architecture et du marketing, et de la dimension architecturale d’un système organisationnel propre aux grandes entreprises américaines au lendemain de la seconde guerre mondiale.[1]

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Where Today Meets Tomorrow », brochure GM Publications, 1956, couverture

Nous souhaitons ici réinterroger le projet sous l’angle de la signification de l’architecture moderne pour le grand public dans les années 1950, une période qui a vu les Etats Unis se lancer dans une véritable « course au futur » sur fond de guerre froide. Tout à la fois projection et réalisation, nous faisons l’hypothèse que le GMTC a été mis en scène dans les médias comme une réalisation concrète du futur sur le territoire américain.

De l’analyse des stratégies discursives et visuelles mises en œuvre dans la construction de ce paradoxe temporel, nous dégageons trois registres majeurs : celui de la recherche fondamentale et de ses applications industrielles – récit d’une conquête du futur par le biais de la précision, dont les scientifiques et les ingénieurs sont les héros ; celui d’une accélération du temps qui, poussée à l’extrême, rapproche le futur jusqu’à le faire coïncider avec le présent ; et enfin, celui d’un imaginaire de la conquête spatiale, auquel renvoient, de manière implicite, les images les plus médiatisées du GMTC.

L’étude repose sur un corpus d’articles publiés dans les principales revues d’architecture et de paysagisme américaines (Architectural Record, Architectural Forum, Progressive Architecture, Landscape Architecture), des magazines grand public (Time, LIFE, Fortune, Look) et des magazines féminins (Women’s Home Companion), des revues d’art (Art in America) et de vulgarisation scientifique (Mechanix Illustrated), la presse quotidienne, ainsi que des publicités et de nombreuses brochures éditées par le service communication de General Motors.[2]

Une architecture médiatique

« Heureux pays où la compétition commerciale emploie la splendeur des constructions comme publicité, offrant ainsi à quelques grands, parmi les architectes du monde, l’occasion de réaliser des splendeurs » [3]

Conçu par l’architecte Eero Saarinen, le vaste complexe architectural et paysager du GMTC fut inauguré en 1956 à proximité de Détroit, capitale de l’industrie automobile américaine. Ce « projet à 100 millions de dollars », planifié pour accueillir quelques 5000 scientifiques et ingénieurs, s’inscrit dans une série de centres de recherche construits après la seconde guerre mondiale par de grandes entreprises américaines dont IBM, General Electrics ou encore Bell Labs [4].  Abritant des laboratoires distincts des lieux de production proprement dits, ces structures entendaient rivaliser avec la recherche fondamentale menée dans les meilleures universités, dont elles adoptèrent l’organisation spatiale : le campus [5]. Mais elles jouèrent également le rôle de « vitrines architecturales », par le recours à des architectes de renom et une surenchère de moyens financiers.

Pionnier par ses innovations constructives, exceptionnel par la pureté de ses lignes et ses équilibres plastiques, souvent inscrit dans la prestigieuse filiation de l’Illinois Institute of Technology (IIT), campus réalisé par Ludwig Mies Van der Rohe à Chicago, le GMTC tient lieu de chef d’œuvre dans l’histoire de l’architecture moderne au second vingtième siècle. Il fut classé monument historique dans les années 2000 [6].

Or le projet du GMTC – initié sous l’impulsion de Harley Earl, l’influent designer à la tête de la Styling section de GM – fut le lieu d’une expérimentation de nature aussi médiatique qu’architecturale, avec une campagne de communication d’envergure qui débuta en 1949, parallèlement au chantier [7].

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Architectural Forum, juillet 1949, p.70-71

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Progressive Architecture, juin 1956, p.54-55

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LIFE Magazine, 21 mai 1956, p.102-103

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Art in America, printemps 1956, p.28-29

Selon les publications et les références privilégiées de leurs lecteurs, le GMTC se prête à une multitude de registres narratifs : les articles soulignent tantôt la rationalité d’une architecture « sans fioritures » (Architectural Forum, juillet 1949 ; Fortune, décembre 1951), tantôt ses affinités avec Versailles ou les monuments d’Egypte (Architectural Forum, novembre 1951 et mai 1956; LIFE, mai 1956 ; Time, juillet 1956), tantôt encore sa place dans l’histoire des arts visuels, comparant les couleurs du bâtiment à des peintures de Monet et Vuillard, et louant la maitrise des équilibres, contrastes et rythmes dans un référentiel directement issu de la critique d’art (Art in America, printemps 1956).

C’est à partir de l’année 1956 que l’imaginaire du futur fait son apparition en force dans la médiatisation du GMTC, en concordance avec la stratégie de communication GM, depuis longtemps dominée par ce thème. Dès 1939, en effet, le pavillon Futurama de General Motors à l’exposition internationale de New York mettait en scène l’imaginaire du futur, avec son exposition Highways and Horizons, gigantesque diorama de la « ville de demain », une mégalopole située à l’horizon 1960 avec ses gratte-ciels et ses autoroutes urbaines.

“Come tour the future with General Motors! A transcontinental flight over America in 1960. What will we see? What changes will transpire? This magic Aladdin-like flight through time and space is Norman Bel Geddes’s conception of the many wonders that may develop in the not-too-distant future…this world of tomorrow is a world of beauty.” [8]

Dix ans plus tard, la fascination pour le futur conjuguée à l’urgence de sa réalisation s’inscrit dans le contexte bien particulier de la guerre froide, compétition entre les Etats Unis et l’URSS qui se déroule pour une grande part en terrain médiatique. Dans cette « course au futur » où sont engagés les deux parties, le progrès scientifique et technologique apparait comme le moyen le plus sûr de l’emporter : comme l’indique Lawrence Hafstad, vice-président de GM, dans son discours d’inauguration du GMTC le 16 mai 1956, « Our choice is brutally clear. As a society, we can either learn mathematics and science – or Russian. » [9]

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Extrait de la brochure du pavillon « Futurama » de GM à l’exposition universelle de New York, 1939

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Saarinen père et fils devant la maquette du GMTC (date entre 1945 et 1949), source: blenheimgang.com

Si la conquête de l’espace, autre terrain de cet affrontement qui captive le public américain, a du attendre la mission Appollo 11 de 1969 pour se réaliser, l’architecture ultra-moderne du GMTC s’est merveilleusement prêtée, dans la seconde moitié des années 1950, à la mise en scène d’une actualisation du futur dans l’espace réel du territoire américain: ainsi, plutôt qu’une affaire de projection et de rêve, comme au Futurama, le GMTC fait du futur une réalité [10]. Selon le récit qui s’élabore dans l’espace médiatique à l’époque de son inauguration, on assiste ainsi avec l’architecture ultra-moderne du GMTC, à une performance du futur – véritable changement de paradigme dans la perception populaire de l’architecture moderne. Quels en ont été les ressorts rhétoriques et visuels?

La science appliquée comme clé du futur

« Le futur est notre mission » [11]. Ce titre d’une brochure décrivant le travail des scientifiques et des techniciens au centre de recherches, résume à lui seul l’imaginaire d’une mise en œuvre du futur, déclinée tant dans les articles de la presse architecturale et grand public que dans les publications du service communication de GM:

« General Motors Technical Center to unite science with its application. (…) The much-heralded World of Tomorrow seems a bit less ephemeral with this vision of what one corporation promises in the way of research. » [12]

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« The Future is our Assignment », GM Publications, 1959

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« The Future is our Assignment », GM Publications, 1959, p.7

Ainsi, la recherche fondamentale et son application directe à la production industrielle, activités pratiquées au GMTC, sont à la clé de l’avènement bien réel du « monde de demain ». Dans la suite des innovations développées par GM depuis la création de l’entreprise en 1908, la construction du GMTC est un « jalon du progrès », qui débouche sur les « horizons infinis » dégagés par la science appliquée, et plus particulièrement par ses applications dans l’industrie automobile [13].

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« Story  of General Motors », GM Publications, 1958 (source http://www.gmheritagecenter.com)

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« Story  of General Motors », GM Publications, 1958 (source http://www.gmheritagecenter.com)

Conçu en collaboration étroite avec des ingénieurs de GM, l’architecture du GMTC se caractérise par sa technicité et sa modularité, ainsi que la mise en œuvre de procédés de fabrication industriels [14]. Dans ce contexte, où la recherche fondamentale et ses applications fédèrent les rêves et les espoirs de la société américaine, le caractère à la fois expérimental et parfaitement millimétré du bâtiment de Saarinen s’avère un puissant outil de la mise en scène d’une actualisation du futur. Dans ce récit, la conquête de la précision est un élément-clé, par lequel notre civilisation accède au progrès:

« Now, at the treshold of an atomic and jet-propelled era, electrons and waves are the yardsticks. They have brought accuracy of millionth with the possibilities of billionth. Truly, precision is a measure of mankind’s progress. » [15]

Les articles dans la presse architecturale présentent le GMTC à travers ses caractéristiques techniques hors du commun, associées à des formes de représentations – plans, coupes et détails constructifs – qui distillent implicitement la promesse selon laquelle le futur est en cours de construction, tant par les activités du centre de recherches que par son architecture.

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« Precision », GM Publications, 1952

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Architectural Forum, novembre 1954

La confusion entre la technicité de la recherche et celle du bâtiment qui l’héberge est savamment entretenue dans les supports de communication GM, ainsi que dans les publicités : ainsi, une marque d’ascenseurs hydrauliques – technologie de pointe à l’époque, dont plusieurs exemplaires sont implantés au GMTC, mobilise des photographies du bâtiment tout en précisant que « plus de 4000 scientifiques, ingénieurs et autres spécialistes y travaillent sur des projets du futur » [16]. Cet usage publicitaire du bâtiment révèle que le GMTC est devenu le symbole d’une mise en œuvre concrète du futur, un récit où se mêlent recherche fondamentale, applications industrielles et architecture.

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Publicité “Oildraulic”, Architectural Forum, juin 1956, p.4-5

Le futur comme notion géographique

« The pace of discovery and development is constantly accelerating. It hasn’t been many years since Buck Rogers’ adventures in space were confined to the comics strips. But today we have man-made satellites orbiting the earth, and rocket contact with the moon is only months, instead of decades, distant. » [17]

Nombreux sont les supports de communication GM qui jouent sur le registre d’une accélération exponentielle du progrès, rapprochant le futur jusqu’à le faire coïncider avec le présent. Dans la brochure intitulée « The future is our assignment », un graphique illustrant « le temps décroissant entre la découverte fondamentale et l’application industrielle », matérialise une courbe exponentielle qui va de la photographie (112 ans) jusqu’au transistor (5 ans), en passant par le télephone (56 ans) et la bombe atomique (6 ans). [18]

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« The Future is our Assignment », GM Publications, 1959, p.7

L’horizon du futur est ainsi ramené à l’échelle d’une vie humaine : il devient le synonyme de la temporalité proche et accessible de demain, Tomorrow, slogan omniprésent dans la communication GM, et au delà, dans l’espace médiatique américain des années 1950. La recherche fondamentale menée au GMTC est présentée comme un moyen d’accélérer encore le rythme des découvertes, jusqu’à atteindre la coïncidence ultime entre recherche fondamentale et produit fini [19]. Le slogan d’une publicité General Motors de 1962, affichant un prototype « Firebird III » à l’avant-plan du GMTC, l’exprime sans détour : General Motors « makes today tomorrow » [20].

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Publicité GM, 1962

Avec la construction du GMTC, le futur bascule ainsi subtilement d’une notion temporelle vers une notion géographique – et ce parfois dans la même phrase :

« From the past fifty years have come miracles — the automobile, the airplane, motion pictures, radio and  television, and the splitting of the atom. But this is history, and all of us should be interested in the future because […] there’s where we are going to spend  the rest of our lives. » [21]

Dans ce récit, d’une temporalité distante le futur devient un lieu où nous pourrons nous rendre : la publicité de 1962 citée plus haut vante la marque GM qui « transforme votre monde de demain en un endroit accessible et accueillant » [22]. Quant aux nombreuses brochures éditées par le service communication GM, elles regorgent de métaphores géographiques, tels les slogans « New Horizons » ou « The Greatest Frontier ». Dans tous ces supports, le GMTC est présenté comme une « utopie effectivement réalisée » [23].

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« Where Today Meets Tomorrow », brochure GM Publications, 1956

En poussant à l’extrême l’imaginaire d’une accélération du progrès, la médiatisation du GMTC entretient ainsi une intense confusion entre horizon d’attente et espace d’expérience – pour le dire avec l’historien Reinhart Kosellek – , deux dimensions incarnées par un seul et même bâtiment, portion de futur réalisée dans l’espace géographique [24]. Présent et futur deviennent des dimensions contiguës, voire parallèles : le travail des designers automobiles « capturant l’esthétique du futur »  est comparé à celui des scientifiques « explorant des faits encore méconnus » [25].

Ce brouillage des temporalités se décline également dans le recours fréquent à l’image du rêve réalisé, comme dans le texte d’une brochure GM intitulée « Where Today Meets Tomorrow » :

« We have attempted in this little booklet  to show the results of a dream — a dream of  some far-seeing men who visualized the challenge offered by the future and conceived a way to meet that challenge. The General Motors Technical Center is that dream come to life. » [26]

Dans le même registre, un article du magazine Look, « Boy and his dream », met en scène une fascinante superposition entre espace réel et espace onirique, à travers une série de montages photographiques où apparaissent en surimpression les fantasmes d’un jeune étudiant se projetant au futur comme ingénieur au GMTC [27]. Ou encore un reportage sur des robes de soirée paru dans le magazine féminin Women’s Home Companion, qui mêle les mises en scène glamour d’un futur quasi-fantasmé à des indications concernant les aspects bien concrets de la réalisation architecturale, aboutissant à un saisissant mélange des genres, tant au niveau des photographies que des textes [28].

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“Boy and his Dream”, Look, mai 1956, p.46-47

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Women’s Home Companion, 1956

C’est aussi le futur comme notion géographique que met en scène le voyage d’études aux Etats Unis organisé par la société de l’Aluminium Français à l’automne 1956, auquel participent une cinquantaine d’architectes et d’ingénieurs [29] : le GMTC, point culminant des visites architecturales, y fonctionne comme une illustration en grandeur réelle des matériaux de construction qu’entendent diffuser les industriels. Mais le voyage prend la forme d’un déplacement tant dans le temps que dans l’espace:

« Nous étions partis voir l’utilisation d’un matériau neuf. C’est une autre expérience bien plus vaste que nous avons rapportée. L’aluminium est plus qu’un matériau, c’est un symbole. Symbole d’un monde nouveau, où les habitants, leur mode de vie et de penser sont tellement différents des nôtres qu’il leur fallait un cadre nouveau. » [30]

A leur retour, les architectes décrivent leur voyage aux Etats Unis comme une préfiguration de l’avenir de la France. Largement publié par le biais d’articles et de comptes rendus dans des revues d’architecture françaises, les retombées de ce voyage étaient loin de se limiter à celles de l’expérience des participants [31]. Il s’est agi par cette opération de promotion de l’aluminium, dans un contexte français cette fois, de la mise en scène médiatique d’un voyage au pays du futur.

La culture visuelle de la conquête spatiale

Dans les années 1950, l’imaginaire de la conquête de l’espace se diffuse à tous les champs de la société américaine, jusqu’à devenir synonyme de progrès, sous la bannière générique du futur. GM n’est pas en reste, et mobilise des motifs « spatiaux » issus du cinéma et des arts graphiques, non seulement dans ses publicités, mais aussi dans le design automobile, avec les célèbres ailerons, aussi inutiles par leur fonction qu’efficaces par les ventes générées [32].

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Publicité GM, années 1950

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Publicité GM, années 1950

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Astounding Science Fiction, juillet 1948

Si contrairement aux voitures, rien dans l’architecture de Saarinen ne constitue une référence explicite à la conquête spatiale, une lecture du projet qui prend en compte le contexte de réception de l’époque, largement marqué par cet imaginaire, permet de faire l’hypothèse selon laquelle le médiatisation du GMTC en exploite néanmoins la culture visuelle de manière implicite.

« Opposite the Research Staff buildings (…) stands the striking Styling building and its silver-domed auditorium. Here the future seems already to  have arrived » [33]: Omniprésents dans les supports médiatiques grand public, il semble que ce soient plus particulièrement les deux éléments les plus « iconiques » du projet, la coupole réfléchissante en acier inoxydable et le château d’eau du même matériau dominant le campus, qui prennent en charge l’imaginaire futuriste du GMTC.

Hautement évocateurs de la conquête spatiale, ces éléments peuvent en effet être rapprochés de motifs visuels en circulation à la même époque dans le domaine de la prospective et de la science fiction: « It’s new » titre le magazine Mechanix Illustrated, à propos de la sphère réfléchissante du château d’eau, dans un numéro dont la couverture révèle « la soucoupe volante de l’U.S. Airforce », qui partage ses formes arrondies [34]. Dans le quotidien Los Angeles Examiner, l’apparence du même château d’eau est qualifiée comme « d’un autre monde », dans un renvoi évident à ces mondes lointains dont les médias promettent la prochaine accessibilité [35].

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Mechanix Illustrated, mars 1956, couverture

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Mechanix Illustrated, mars 1956, p.82

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Photo publiée dans LA Examiner, 18 mai 1956

Quant à la coupole monumentale du Styling auditorium, sa silhouette renvoie à l’imaginaire des « couchers de planètes » ou encore à celui des « villes sous dôme », dont regorgent à l’époque tant la prospective que la science fiction [36]. La photographie d’Ezra Stoller de l’homme à contre-jour devant l’ovale abstrait de l’intérieur de la coupole à l’éclairage parfaitement uniforme – l’une des plus publiées et reprises, tous contextes confondus – n’est pas sans évoquer, par ses formes et par son atmosphère, l’univers de films de science fiction tels que le célèbre Things to Come, qui met en scène la conquête de la lune [37].

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Le Styling Auditorium du GMTC, Photo: Ezra Stoller

Things to Come, 1936

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Perspective du GMTC, vers 1950, source: archinect.com

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IF, avril 1954, couverture de Ken Fagg, source: sciencefictionruminations.wordpress.com

Or, contrairement au cinéma, où l’on sait qu’il ne s’agit que de fiction, les photographies du centre de recherches mettent en scène le futur dans la dimension du plausible : leur puissance narrative repose ainsi sur la perception commune de la photographie d’architecture comme empreinte du réel. Tandis que le récit médiatique de la conquête spatiale repose sur la promesse des images, celui de l’actualisation du futur au GMTC met en œuvre la photographie comme preuve par l’image [38]. L’effet de ce dispositif atteint son paroxysme dans les photographies de prototypes automobiles, souvent décrits comme « space-age cars », à l’avant-plan du GMTC. Dans un processus de synthèse visuelle, le GMTC s’y révèle comme une « space-age architecture », véritable pendant architectural de ces bolides du futur.

La photographie projette ainsi l’imaginaire du futur, véhiculé implicitement par l’esthétique du bâtiment et ses références à la culture visuelle, vers le réel « documentaire » associé à cette technique de représentation. Espace imaginaire qui devient accessible « pour de vrai », la photographie transforme le GMTC en une architecture médiatique procédant d’une temporalité paradoxale : à la fois actuelle et future [39]. Tel un touriste du futur, Harlow Curtice, le populaire patron de GM [40], embarque ainsi dans une Firebird II à l’avant-plan du « champignon spatial » du château d’eau du GMTC, dans une photographie qui conclut la brochure distribuée aux 5000 invités de marque conviés à l’inauguration.

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« Dedication program », GM Publications, 1956

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« Dedication program », GM Publications, 1956

Le terrain médiatique de l’actualisation du futur

L’analyse de supports médiatiques grand public permet d’explorer l’inscription de l’architecture moderne dans les récits et la culture visuelle qui lui sont contemporains. Cette étude de cas a été l’occasion d’envisager le GMTC comme un objet propice à la mise-en-scène d’un imaginaire du futur, dans la continuité de la stratégie de communication de General Motors. Analysé au prisme de ses usages médiatiques, le projet de Saarinen s’inscrit en outre dans le contexte de réception de l’époque de la guerre froide, marqué par l’imaginaire de la conquête spatiale – horizon d’attente dont il s’affiche comme une actualisation.

Pour compléter l’argument, la façon dont une telle instrumentalisation du projet a été pensée et organisée par General Motors, ou encore l’Aluminium Français, mais aussi le rôle spécifique de nombreux acteurs – éditeurs, architectes, photographes et publicitaires, devront être explorés plus avant. La question des motifs visuels issus des industries culturelles (cinéma, bande dessinée, illustration), sur lesquels repose l’efficace des représentations d’architecture en vertu d’un contexte de réception donné, nécessite également d’être approfondie.

Notre étude a cependant permis d’établir que la mise en scène de l’actualisation du futur repose sur la transversalité entre les dimensions technique, narrative et visuelle de l’architecture du GMTC. Les mass médias, y compris la publicité, constituent non seulement les sources permettant de documenter ce « paradigme de l’actualisation du futur » – par opposition à un paradigme de l’utopie ou de la pure projection, mais également le terrain même sur lequel cette actualisation a pu s’opérer.

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Cet article est paru dans l’ouvrage “La mise en scène des produits et des marques : représentations, significations, publics” (sous la direction de Violaine Appel, Lylette Lacôte-Gabrysiak et Delphine Le Nozach, L’Harmattan, 2015), suite au colloque du même nom, organisé par le Centre de recherche sur les médiations (CREM), Université de Lorraine, les 4 et 5 juillet 2013. Ma recherche sur la médiatisation du GMTC a également été présentée et discutée au 10th Annual AHRA Research Student Symposium à l’Université de Lund (Suède), ainsi qu’au séminaire Archimediasociété dirigé par Christophe Camus à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Bretagne.

NOTES

[1] Voir Alice T. Friedman, American Glamour and the Evolution of Modern Architecture, New Haven : Yale University Press, 2010 et Martin Reinhold, The Organizational Complex: Architecture, Media, and Corporate Space, Cambridge (MA): MIT Press, 2005 et Nancy A. Miller, « The General Motors Technical Center : Material Innovation and Corporate Image in the Suburban Landscape », in D. Rubey (Ed.), Redefining Suburban Studies, Hempstead (NY) : Hofstra University, 2009.
[2] L’étude ne s’étend pas aux spots publicitaires GM, qui mobilisèrent également le campus du GMTC.
[3] Raymond Lopez, « Visite aux USA. La leçon de Mies van der Rohe », L’Architecture d’Aujourd’hui n°70, février-mars 1957.
[4] Au sujet de la construction de campus de recherche sub-urbains comme modèle de développement industriel aux Etats Unis dans la seconde moitié du XXème siècle, voir Louise A. Mozingo, Pastoral Capitalism, A History of Suburban Corporate Landscapes, Cambridge (MA): MIT Press, 2011.
[5] Au sujet de la stratégie de recrutement de scientifiques et d’ingénieurs de pointe via la construction de campus de recherche isolés des lieux de production, voir Scott G. Knowles & Stuart W. Leslie, « “Industrial Versailles”: Eero Saarinen’s Corporate Campuses for GM, IBM and AT&T ». Isis, 92., 2001.
[6] Le GMTC est classé depuis mai 2000 au National Register of Historic Places.
[7] A partir des années 1930, la Art and Color section dirigée par Harley Earl, rebaptisée Styling section en 1937, développe le design des carrosseries GM – et notamment la stratégie de l’obsolescence annuelle des modèles, qui propulsera le succès commercial de la marque. Voir David Gartman, « Harley Earl and the Art and Color Section : the Birth of Styling at General Motors », Design Issues, Vol. 10, No. 2 (Summer 1994), pp. 3-26. Sur la connivence, souvent critiquée, entre Saarinen et General Motors dans la création d’une « esthétique populaire » de l’architecture moderne, voir A. T. Friedman, op. cit.
[8] Extrait de la brochure « Futurama » éditée par General Motors (en ligne sur http://www.oldcarbrochures.com – the old car manual project). A l’occasion de l’exposition universelle de New York de 1939 sur le thème « World of Tomorrow », GM avait missionné le scénographe et designer Norman Bel Geddes pour la construction du pavillon Futurama. Les visiteurs y empruntaient un dispositif convoyeur de sièges qui leur offrait une vue plongeante sur le diorama de la « ville du futur ». Dans la dernière partie du pavillon était réalisé un carrefour du futur en grandeur réelle, sorte de « zoom » avec sa circulation sur plusieurs niveaux. L’assistant de Bel Geddes sur le Futurama n’était autre que le jeune Eero Saarinen, qui devait réaliser le GMTC quelques années plus tard. Voir J. L Meikle, « A few years ahead. Defining modernism with popular appreal », in D. Albrecht (Ed.), Norman Bel Geddes designs America (cat. exp.), New York : Abrams, 2012 et F. T. Kihlstedt, « Utopia realized : The World’s Fairs in the 1930’s », in J. J. Corn, (Ed.), Imagining Tomorrow. History, Technology, and the American future, Cambridge (MA) : MIT Press, 1988, pp.97-114.
[9] The Greatest Frontier. Remarks at the Dedication Program, General Motors Technical Center. Detroit, Michigan, May 16, 1956, brochure éditée par le service communication GM, p.15 (en ligne sur le site http://www.gmheritagecenter.com dans la section historical brochures).
[10] L’histoire culturelle a pu établir l’influence du contexte de la guerre froide sur l’imaginaire populaire de la conquête de l’espace, un récit de suprématie technologique, abondamment mis en scène dans le domaine du cinéma et de la science fiction, ou encore dans le célèbre parc d’attraction Tomorrowland, inauguré par Disney en 1955. Voir A. Gunthert, « La Lune est pour demain. La promesse des images », in A. Dierkens, G. Bartholeyns, T. Golsenne (Eds.), La Performance des images, Bruxelles : Editions de l’université de Bruxelles, 2010, p. 169-178.
[11] « The Future is our Assignment », brochure éditée par le service communication de General Motors, Detroit : GM Publications, 1959 (en ligne sur le site http://www.archive.org), ma traduction.
[12] « General Motors Technical Center to unite science with its application », Architectural Record, novembre 1945, p.98, mes italiques.
[13] Cette progression est mise en scène dans la brochure « Story of GM », éditée à l’occasion des 50 ans de l’entreprise en 1958 (en ligne sur le site http://www.gmheritagecenter.com). A cette époque, GM exploite le thème du futur dans la perspective d’une démocratisation massive de la voiture, grand horizon d’attente du public américain. General Motors sera notamment l’un des protagonistes actifs du Federal Aid Highway Act de 1956, par lequel fut décidé la construction d’un réseau national d’autoroutes, sous le président Eisenhower.
[14] Au sujet de l’intégration au projet de technologies issues, notamment, de l’ingénierie automobile, voir S. G. Knowles & S. W. Leslie, « “Industrial Versailles”: Eero Saarinen’s Corporate Campuses for GM, IBM and AT&T », Isis, 92, p.9 et P. Papademetriou, « Coming of Age: Eero Saarinen and Modern Architecture », Perspecta, 21, 1984, p.131 et N. A. Miller, op.cit., p.59-60.
[15] En 1952, le GM Public Relations Staff édite la brochure « Precision, a measure of Progress », parmi une série de brochures de vulgarisation scientifique destinées au grand public (en ligne sur le site http://www.gmheritagecenter.com).
[16] « More than 4000 scientists, engineers and other specialists are at work here on projects extending years into the future ». Publicité pour les ascenseurs Rotary Oildraulic Elevators, Architectural Forum, juin 1956, p. 4-5.
[17] « The Future is our Assignment », op. cit., p.55.
[18] « The Future is our Assignment », op. cit., p.5.
[19] C’est également à ce fantasme que s’adressent les spectaculaire prototypes « Firebird » de GM, équipés de moteurs à turbines à gaz, qui connurent un énorme succès populaire dans les années 1950. Conçus par Harvey Earl, il y en eut trois générations, dévoilées à l’occasion des expositions GM « Motorama » de 1953, 1956 et 1959.
[20] Publicité GM publiée dans le Official Souvenir Program de l’exposition internationale Century 21 de Seattle en 1962 (en ligne sur le site http://www.paleofuture.com). Le texte de la publicité précise en outre que General Motors « indique la voie du futur avec ce Firebird III, voiture du space-age entièrement fonctionnelle » (ma traduction, mes italiques).
[21] « Where Today Meets Tomorrow », brochure éditée par le service communication de General Motors, Detroit : GM Publications, 1956 (en ligne sur le site http://www.gmheritagecenter.com), mes italiques.
[22] « Mobility – the easiert, fastest, surest kind possible – turns your world of tomorrow into an accessible and amicable place », publicité GM de 1962, op. cit.
[23] Selon Michel Foucault, il y a « dans toute culture, dans toute civilisation, des lieux réels, des lieux effectifs, des lieux qui sont dessinés dans l’institution même de la société, et qui sont des sortes de contre-emplacements, sortes d’utopies effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels, tous les autres emplacements réels que l’on peut trouver à l’intérieur de la culture sont à la fois représentés, contestés et inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables » : les hétérotopies. Voir Foucault M., « Des espaces autres », in Dits et écrits, T. IV, Paris : Gallimard, 1994, p. 752-762.
[24] Horizon d’attente et espace d’expérience sont des notions développées par l’historien allemand Reinhart Koselleck dans le cadre du projet d’une sémantique des temps historiques, voir R. Koselleck, Le Futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris: Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1990 (1979).
[25] « Just as the Researchers probe for hidden facts, nearly a thousand Stylists […] try to capture the look of things to come. », in « Where Today Meets Tomorrow », op. cit.
[26] « Where Today Meets Tomorrow », op. cit., mes italiques.
[27] « Boy and his dream », Look magazine, mai 1956, p.46-51. L’article précise que le jeune homme, accompagné d’un « ravissant mannequin hongrois », est un étudiant choisi pour l’occasion du reportage, une indication qui accentue encore le brouillage entre mise en scène et réalité.
[28] « Afternoon dress in silk chiffon has soft shirring on either side of the bodice. In the background is a stainless steel water tower rising 140 feet into the sky, above a large man-made lake. There are two fountains pumping more water than all the fountains at Versailles. One of the fountains is a water ballet designed by Alexander Calder, inventor of the mobile. », Women’s Home Companion, 1956 (référence exacte inconnue).
[29] Il s’agit de l’un des voyages organisés par la société de l’Aluminium Français lorsqu’au milieu des années 1950, le matériau peine à s’imposer en France dans le secteur de la construction. Voir F. Hachez-Leroy, L’aluminium Français. L’invention d’un marché. Paris : CNRS Editions, 199.
[30] Pierre Sonrel, architecte, président du cercle d’études architecturales et participant au voyage de l’Aluminium Français, cité dans « Voyage d’études aux Etats-Unis », Techniques et Architecture, 17ème série, n°2, mai 1957.
[31] Voir « Voyage d’études aux Etats-Unis », Techniques et Architecture, 17ème série, n°2, mai 1957 et Raymond Lopez, op. cit.
[32] Dans les années 1950, la publicité GM pour le modèle Oldsmobile Rocket « 88 » mobilise, par exemple, une navette spatiale semblable à celle du film « Destination Moon » de George Pal. Le film met d’ailleurs en scène le rôle de l’industrie privée dans la réalisation du voyage sur la lune. Le recours à l’imaginaire de la conquête spatiale est tout aussi évident au niveau des célèbres prototypes Firebird de GM, aux allures de fusées deux places.
[33] « Where Today Meets Tomorrow », op. cit.
[34] Mechanix Illustrated, mars 1956.
[35] « Unworldly in appearance », article publié dan le quotidien Los Angeles Examiner, 15 mai 1956.
[36] Le pavillon des transports à l’exposition internationale de New York en 1964 mettra en œuvre, de façon explicite cette fois, une coupole dont la surface reprend le relief lunaire. Voir Queens Museum (Ed.), Remembering the Future. The New York World’s Fairs from 1939 to 1964 (cat. exp.), New York : Rizzoli, 1989, p.82.
[37] Things to Come, film réalisé en 1936 par William Cameron Menzies, d’après un scénario de H. G. Wells.
[38] Au sujet de la « promesse des images », voir A. Gunthert, op. cit.
[39] Au sujet de la superposition entre représentations et espace réel, voir Louis Marin, Utopiques, Jeux d’espace, Paris: Editions de Minuit, 1973, et plus particulièrement le dernier chapitre, consacré au parc d’attraction de Disneyland.
[40] Harlow Curtice fut notamment élu personnalité de l’année en 1955 par le magazine Time.
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Bibliographie

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3 comments

  1. Bonjour Marie-Madeleine. Ce qui me frappe en te lisant c’est qu’il n’y a semble-t-il aucune référence dans cette communication à la fonction pratique de ces bâtiments. Comme s’il n’était pas nécessaire de tenir un discours fonctionnel pour servir d’alibi à leur fonction distinctive et politique.
    Est-ce en raison de l’angle que tu as choisi, ou est-ce que la communication faisait carrément l’impasse sur cet aspect?

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  2. Bonjour Thierry,
    Non, au contraire, la référence à la fonction pratique est omniprésente. C’est même le registre principal de la médiatisation de cette architecture fonctionnaliste – cet aspect peut se raccrocher au récit scientifique/technologique que je décris en première partie. Comme j’ai choisi de me concentrer sur l’aspect temporel de “l’actualisation du futur”, c’est vrai que je n’ai as beaucoup insisté sur ce rappel…

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  3. Désolé, je n’avais pas cliqué sur les articles de la campagne de promotion… ):

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